Bureau Norme Audit (BNA) s’est fixé comme objectif d’assister les entreprises de la sous-région ouest-africaine et centrale dans leur mise en conformité avec les normes internationales en matière de qualité sanitaire des produits.
Dans une perspective de développement et dans le souci de répondre à la demande croissante en matière de certification, BNA est aujourd’hui devenu le premier organisme de certification local accrédité ISO 17065 pour l’évaluation de la conformité des produits agricoles. Dans ce domaine, il intervient principalement sur deux Programmes : GLOBALG.A. P et RA/UTZ. De quoi s’agit-il ? CertInfos a mené une interview croisée de deux experts de BNA sur le sujet : Mme Ahoua SORO, Auditrice, Certificatrice GLOBALG.A.P. et M. Assa LOPEZ, Consultant formateur et auditeur en Agriculture Durable
CERTINFOS - Définissez-nous le programme UTZ. Quels sont les produits concernés ?
Assa LOPEZ - UTZ est un programme et un Label de l’agriculture durable à travers le monde. L’agriculture durable se résume comme une agriculture responsable, c’est-à-dire une agriculture qui ne détruit pas l’environnement, qui contribue à une bonne gestion des ressources naturelles, par une utilisation efficace de bonnes pratiques agricoles, avec une amélioration des conditions de travail. Le programme UTZ contribue à ce que les agriculteurs cultivent de meilleures variétés et génèrent de meilleurs revenus. Ce qui accroit leur résilience économique et sociale tout en préservant les ressources naturelles de la terre pour les générations futures.
Les cultures ou produits concernés sont : le thé, la noisette, le cacao et le café. Pour la Côte d’Ivoire la culture concernée est le cacao.
Pour information, il faut savoir que le label UTZ et le label RAINFOREST ALLIANCE (RA) ont fusionné en un seul label dénommé RA, ce qui se traduit par une augmentation de la variété de produits pris en compte.
Ahoua SORO - GLOBALG.A.P. est un référentiel volontaire ayant pour objectif premier de garantir la qualité sanitaire des aliments et rassurer les consommateurs sur le système de production (Bonnes Pratiques Agricoles par la diminution de l’utilisation des intrants chimiques, une approche responsable de la santé et de la sécurité des travailleurs, une meilleure protection de l’environnement par l’utilisation responsable de l’eau, de l’énergie non renouvelable et la maîtrise de la pollution).
GLOBALG.A.P. couvre les systèmes de production de produits agricoles, d'élevage et d'aquaculture (la transformation et l'abattage des animaux étant exclus du champ d'application).
Les produits concernés sont :
Les cultures : fruits et légumes (les cultures à des fins médicinales et/ou aromatiques ne peuvent pas être certifiées), plantes et fleurs ornementales, thé (plants et semences) ;
L’aquaculture (poissons, crustacés et mollusques) ;
L’élevage (bovin et ovin, porc, volaille, dinde).
La certification GLOBALG.A.P. est obtenue si toutes les exigences majeures applicables sont satisfaites à 100 % et les exigences mineures applicables, satisfaites à 95 % au minimum. Les recommandations n’influent pas sur le résultat de la certification.
CERTINFOS- Pourquoi avez-vous cherché l’agrément ?
Assa LOPEZ – Il faut inscrire cela dans le cadre du projet de UTZ à s’étendre efficacement à travers le monde. Vu qu’il dispose de nombreux experts en la matière, BNA s’est investi à acquérir l’agrément UTZ pour contribuer à ce projet d’expansion, particulièrement dans la région africaine. BNA a ainsi une mission d’évaluation du niveau de conformité de chaque candidat de la chaîne d’approvisionnement par rapport aux exigences du programme UTZ.
Ahoua SORO – Pour ce qui concerne GlobalG.A.P, il s’agissait pour BNA de rapprocher l’organisme de certification des producteurs ouest-africains et contribuer à rendre meilleurs les systèmes de production
Ahoua SORO - Pour ma part, je dirais la garantie d’accès aux marchés occidentaux pour nos produits.
CERTINFOS- Quelle est la situation actuelle de la certification agricole en Côte d’Ivoire, et par extension dans la région ouest-africaine ?
Assa LOPEZ - La situation en Côte d’Ivoire est très sectorielle, la certification est plus perceptible dans le secteur de la production du cacao. Les autres secteurs agricoles restent très effacés malgré l’industrialisation.
Ahoua SORO - Plusieurs référentiels sont mis en œuvre en Côte d’Ivoire et dans la région ouest-africaine. Les principaux GLOBALG.A.P., RAINFOREST ALLIANCE, UTZ CERTIFIED, TESCO NURTURE, FAIR TRADE. Presque toutes les entreprises exportatrices de fruits et légumes sont certifiées au moins GLOBALG.A.P. et celles qui exportent le cacao sont certifiées RAINFOREST ALLIANCE / UTZ.
Etant donné que les certifications couvrent toutes la production, le marché local et sous régional bénéficient de ces certifications.
CERTINFOS-- Pouvez-vous partager avec nous une expérience heureuse dans le cadre de vos missions ?
CERTINFOS-- Pouvez-vous partager avec nous une expérience heureuse dans le cadre de vos missions ?
Les Coopératives emploient de plus en plus de main-d’œuvre qualifiée, avec des salaires qui leur garantissent un niveau de vie acceptable
Ahoua Ahoua SORO - Lors du contrôle d’une plantation, j’ai eu l’agréable surprise de constater la présence de singes dans la plantation, venant d’une forêt voisine : le producteur avait laissé cette zone boisée qui abritait une certaine biodiversité. Les enfants du producteur, en vacances scolaires, présents sur le site, avaient pour tâche de les empêcher de s’approcher de la production. C’était un bonheur et une satisfaction de constater qu’une non-conformité étaient traitées durablement.
CERTINFOS - Connaissez-vous d’autres organismes typiquement Ouest-africains dans le domaine ?
Assa LOPEZ A ma connaissance, Il n’y a que BNA et Africert Limited. Les autres comme SGS et Bureau Veritas, sont des multinationales étrangères installées dans la région.
Assa LOPEZ – L’objectif général est que nos pays appliquent à grande échelle les normes de production de l’agriculture durable pour une meilleure intégration dans les marchés régionaux et internationaux. De façon spécifique être invité aux grands débats sur l’agriculture durable aux niveaux local et et international. Grâce à notre expertise, nous avons acquis la confiance de certains exportateurs et du Label lui-même.
Ahoua SORO - L’un des objectifs principaux est d’amener les entreprises à connaître leur niveau par rapport au référentiel et les conduire vers une amélioration continue. L’autre est de faire intégrer les référentiels dans les pratiques quotidiennes des entreprises. A chaque audit, ces objectifs sont atteints.
Nous cherchons également à amener les pays de la région à avoir leur propre interprétation nationale du référentiel GLOBALG.A.P. Cet objectif est atteint dans des pays comme la Côte d’Ivoire. Nous poursuivons le travail dans les autres pays.
CERTINFOS - Quelles sont perspectives ?
Ahoua SORO - Pour ce qui me concerne, c’est de mettre en place un « LOCAL G.A.P. » qui soit reconnu par GLOBALG.A.P.
CERTINFOS - Votre dernier mot en direction des acteurs et autres parties prenantes (autorités, partenaires au développement, etc.)
Assa LOPEZ - A l’endroit des Clients, je voudrais rappeler que BNA est une structure très ouverte qui encourage la mise en place d’une démarche qualité. A ce titre, BNA est disposé à apporter son expertise d’évaluation et de certification aux clients qui le désirent, dans des conditions adaptées aux réalités socio-économiques de notre environnement.
A l’endroit des autorités, je lance un appel pour l’institution de cadres légaux, c’est-à-dire de lois et règlements qui encadrent la politique de l’agriculture durable au niveau de nos pays. Je les invite également à fixer des prix qualité incitatifs au détriment des prix de produits non certifiés.
Ahoua SORO - C’est tout ensemble que nous pourrons arriver à une production respectueuse de l’environnement, des travailleurs, des communautés environnantes et des consommateurs avec ou sans certificat. Vulgariser les G.A.P. doit être l’objectif commun.
Tout un chacun doit donner de sa personne pour arriver à des interprétations nationales qui prennent en compte les spécificités locales.